Editorial de David Caillouel, président du SEFB, dans la Lettre d’information des exploitants forestiers n°25-01 (Mai-Juin 2025).
Je voudrais revenir dans cet édito sur les principales actions du SEFB qui ont été entreprises ce semestre pour défendre les exploitants forestiers. Nous n’avons pas chômé et je suis fier de tout le chemin parcouru.
Nous avons observé que les actes d’incivilités, agressions contre nos adhérents avaient augmenté environ de 30% en deux ans. C’est la raison pour laquelle nous avons pris les devants en sollicitant une rencontre auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le ministre, attaché au monde rural et à la sécurisation des travaux en forêts, nous a accordé un rendez-vous sans tarder. Son équipe a formulé des propositions concrètes actuellement en cours d’expérimentation avec plusieurs services et régions.
Nous avons également participé à plusieurs auditions filière à l’Assemblée nationale et au Sénat, lors desquelles j’ai formulé six demandes principales au législateur pour soutenir la filière :
- Des aides massives au reboisement,
- Un soutien renforcé à la formation des métiers du bois
- Une campagne nationale pour promouvoir le bois français (construction, énergie…)
- Une aide à la mise en place d’un mécanisme de compensation (caisse d’intempérie) , indispensable face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents, et violents, qui paralysent durablement les activités des opérateurs forestiers et qui peuvent immobiliser durablement leur matériel et perturber leurs activités.
- Un accès au cadastre pour les professionnels de la forêt. Nous sommes persuadé que le fait de pouvoir identifier les propriétaires des parcelles non entretenues nous permettrait de lutter efficacement contre les risques incendies et sanitaires,
- Une simplification du cadre juridique, notamment de l’article L 411-1 du code de l’environnement, pour débroussailler tout au long de l’année, même au printemps.
Tout au long de l’année, je continuerai à rappeler ces messages car sans une prise en compte réelle de ces priorités, il existe un risque : celui que la filière bois, déjà fragilisée, ne parvienne pas à se relever face à tous les aléas qui menacent à la fois la forêt et nos métiers.
Ce semestre, j’ai eu la satisfaction de percevoir les signes d’un changement positif au sein de notre filière. Un climat plus apaisé s’installe. Comme si, les uns et les autres avaient décidé de regarder ensemble les défis qui nous attendent, autrement plus lourds que les désaccords passés.
Si ce changement se confirme, alors je suis le plus heureux des hommes. Car j’appelle de mes vœux une filière unie autour de projets concrets, d’une vision commune de la gestion durable de la forêt qui s’inscrive dans le temps long, celui de plusieurs générations.
Je crois profondément qu’il est possible d’avoir une vision qui soit à la fois économique et écologiste. Ce ne sont pas des ambitions antagonistes. Elles sont, au contraire, les deux jambes d’un même projet : assurer l’avenir de nos forêts et des métiers qui y sont liés. Je n’oublie pas que nous sommes, opérateurs forestiers, les premiers protecteurs de la forêt et nous participons activement au maillage économique des zones rurales de notre pays. L’écologie et l’économie sont pour moi indissociables.
Après une période de tensions et de défiance, j’espère que nous entrons dans une période apaisée, de confiance. Trouver cette voie, encore étroite, permettra aux mondes épars : pouvoirs publics, industriels, opérateurs, écologistes… de se parler. Et pourquoi pas, d’agir ensemble dans l’intérêt de la forêt et de nos métiers.
C’est cette voie du dialogue apaisé que je souhaite poursuivre dès la rentrée de septembre. Car en attendant, je vous souhaite à tous, des vacances reposantes et bien méritées.
David Caillouel Président du SEFB